
BENNOUNA Zineb
doctorant
A travers le moucharabieh : regards sur une architecture de l’intime. Entre l’ancien et le contemporain, le corporel et le thermique.
Directeur(s) de thèse
D. Severo
Sujet de thèse
Formation
Actuellement doctorante au sein de l’Université Paris Diderot, mon parcours s’inscrit dans un processus de compréhension du rapport de l’Homme à son architecture, et de son architecture au temps. Comme le chapelier fou dans Alice aux Pays des merveilles, j’aime à penser que le temps est un être vivant et que son empreinte sur l’espace qui l’entoure est à l’origine du sens de l’architecture. Eperdument fascinée par le moucharabieh tout au long de ce parcours et bien avant encore, la curiosité s’empare de moi à chaque fois que mon oeil traverse ce point précis du mur qui module la lumière, les températures, et les regards par le biais de ses mille trous. Point de rencontre entre ce qui est de l’ordre du public et du privé, il s’érige entre-deux mondes, deux statuts, deux univers qu’à priori tout oppose, mais surtout entre soi et autrui. Cet entre-deux mondes anime constamment ma pensée et le coeur de ma recherche autour de l’architecture de l’intime.
DOCTORAT / UNIVERSITE PARIS DIDEROT / ENSA DE PARIS VAL-DE SEINE
Diplôme de Docteur en Architecture, urbanisme, paysage et patrimoine - EN COURS :
ED 624, Université Paris Diderot - Paris 7, Ecole Nationale Supérieure d'Architecture Paris Val de Seine, Laboratoire EVCAU
MASTER / ENSA DE PARIS VAL-DE SEINE
Diplôme d'Etat Architecte – Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris Val-de
Seine :
Juillet 2019 - Projet de fin d’études
Sujet : Reconversion de l’hôpital de Bichat, De la Terre au Ciel
Note obtenue : 18/20 avec les félicitations du jury à l’unanimité.
Directeurs d’études : DOUSSON Xavier, SEVERO Donato, PERRIER Olivier.
Février 2019 : Mémoire de fin d’études
Sujet : Le moucharabieh, ce que le regard est à la peau.
Note obtenue : 18/20.
Directeur d’études : LEGENDRE Léo.
MASTER / WARSAW UNIVERSITY OF TECHNOLOGY
2017-2018 : Master 1 Ecole de Polytechnique de Varsovie, Pologne.
LICENCE / ENSA DE PARIS VAL-DE SEINE
2014-2017 : Diplôme d'études en architecture – Ecole Nationale Supérieure d’Architecture
de Paris Val-de Seine.
LYCEE
2011-2014 : Diplôme du baccalauréat - Lycée Descartes, Lycée français de Rabat - Maroc.
Thème de recherche
Inscrite dans une forte tradition oculaire, une grande partie de l’architecture contemporaine
s’est dirigée vers l’image, le spectaculaire, le mémorable. Cependant, l’importance
attribuée à la vue n’est pas récente ; l’acuité visuelle a toujours fascinée du fait qu’elle
permet de saisir les choses sans pour autant les toucher et qu’elle est la source même de
la conscience de l’Homme. En effet, Saint Bonaventure distinguait à la fois oeil de chair
qui est l’organe permettant la vue ; l’oeil de raison dans le sens où c’est par le regard que
l’Homme peut se distinguer de ce qui l’entoure, mais aussi l’oeil de la contemplation qui
permettrait d’accéder à la vérité. Ne dit-on pas d’ailleurs “tu vois ?” pour signifier “tu
comprends ?” En grec ancien, Idein “je vois” et Oida “je sais” présentent déjà une racine
commune.
C’est parce qu’elle fait surgir la vérité sur ce qui est, que la vue permet le savoir et que
celle-ci a pris, au fil des siècles, le pas sur nos autres sens. Prolongement de la peau, nos
yeux, comme les qualifient Merleau-Ponty, sont de chair. C’est en tant que peau qu’ils
permettent encore plus que le regard : la perception. Le regard ne serait donc pas en
corrélation directe avec l’oeil, et la vue, mais avec la peau et donc le toucher. Le regard se
cristalliserait au-delà même de deux visages, c’est entre deux corps qu’il subsiste. Il est
cet échange silencieux et intime entre soi et ce qui nous entoure.
C’est sur cette corde que marche le moucharabieh octroyant, par ses motifs, de légers
jeux de regards, et de sens. Empêchant la vue, mais laissant pénétrer le regard, il articule
et questionne un ensemble d’entités opposées : dehors/dedans, privé/public, féminin/
masculin, voir/être vu, soi/autrui ... Celui qui se trouve à son nu est invité à franchir la
limite, à vivre la transition non pas par le biais de son oeil, mais par son regard, et ainsi
par son corps tout entier. En effet, si le moucharabieh permet de voir sans être vu, il
impose au passant d’être vu sans pouvoir voir et l’inciterait ainsi à faire usage de ses
autres sens pour percevoir, deviner ce qui se passe de l’autre côté du mur.
Indubitablement lié à la vue, il semble néanmoins investir l’ensemble du corps en agissant
sur ses relations avec l’autre ainsi qu’avec ce qui l’entoure. Le présent travail de recherche
vise à mettre en exergue les modalités fonctionnelles, matérielles et représentatives de ce
dispositif traditionnel qui lui ont permis de traverser l’histoire (du XIIIème siècle à nos
jours), et de revenir au-devant de la scène dans un contexte écologique où les
préoccupations environnementales sont au coeur de la pensée architecturale.